Le compostage, éco-responsable ? #27

Le compostage, éco-responsable ?

Introduction au compostage

En janvier 2024, une initiative écologique majeure a vu le jour : l’interdiction des déchets alimentaires dans les ordures ménagères. Cette mesure, visant à réduire considérablement l’enfouissement des déchets, représente un tournant décisif dans notre approche de la gestion des déchets. Plus qu’une contrainte, elle est une invitation à repenser notre relation avec les déchets, en les transformant en ressources. Dans ce contexte, le compostage apparaît non seulement comme une solution écologique, mais aussi comme un acte engagé en faveur de l’environnement.

Le compostage, une pratique ancestrale remise au goût du jour, offre une réponse concrète et efficace à cette nouvelle réglementation. En transformant nos déchets alimentaires en compost, nous contribuons non seulement à réduire l’impact environnemental des décharges, l’émissions de gaz à effet de serre, mais nous enrichissons également nos sols de manière naturelle.

L’émissions de gaz à effet de serre

L’enfouissement des déchets alimentaires est une source préoccupante d’émissions de gaz à effet de serre, un facteur souvent sous-estimé dans le débat environnemental. Lorsque ces déchets organiques sont enfouis dans les décharges, ils sont privés d’oxygène et se décomposent par un processus anaérobie. Cette décomposition produit du méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone en termes de potentiel de réchauffement global. En effet, le méthane contribue de manière significative au changement climatique. C’est pourquoi la gestion appropriée des déchets alimentaires, au-delà d’être une question de propreté et d’hygiène, devient une nécessité écologique impérieuse. En adoptant des pratiques telles que le compostage, qui favorise une décomposition aérobie, nous pouvons réduire considérablement ces émissions nocives et ainsi contribuer à un avenir plus durable.

Est-il possible que les avantages du compostage soient surestimés, compte tenu des potentielles émissions de gaz à effet de serre durant le processus de décomposition des déchets organiques ?

Qu’est-ce que le compostage ? Comprendre les bases

Le compostage est un processus naturel où la matière organique, telle que les feuilles, les déchets de légumes et les produits en papier, se décompose pour former un amendement de sol riche en nutriments. Cette transformation est facilitée par des micro-organismes, des insectes, des vers, (sauf le ver plat d’Amérique du Sud qui arrive) travaillant ensemble pour décomposer les déchets en humus, un composant vital pour la santé du sol.

Types de compostage

Il existe plusieurs méthodes de compostage, chacune adaptée à différents besoins et environnements. Du compostage traditionnel en arrière-cour aux techniques innovantes comme le vermicompostage et le bokashi, les options sont diverses. Chaque méthode a ses avantages et exigences uniques, répondant à différents niveaux de besoins en compostage.

Avantages du compostage à la maison

Le compostage à domicile offre une multitude d’avantages. Il réduit la quantité de déchets envoyés aux décharges, diminue les émissions de méthane et fournit gratuitement un enrichissement de sol en nutriments pour les jardins. De plus, il favorise une connexion plus profonde avec le cycle naturel de croissance et de décomposition.

Le compostage diminue la masse de nos déchets domestiques, cependant, cela ne diminue pas le coût croissant de nos poubelles toujours plus pesantes.

Matériaux adaptés au compostage

Un tas de compost réussi nécessite un équilibre entre les “verts” (matériaux riches en azote comme les déchets de légumes et les tontes de gazon) et les “bruns” (matériaux riches en carbone comme les feuilles et le papier déchiqueté). Comprendre ce qu’il faut composter est la clé d’un processus de compostage sain, sans odeur et efficace.

Détaillés dans l’article de Ouest France du 23 janvier 2024. Un compost efficace, en bon état, se gère sans intervention extérieure pour sa décomposition. L’article énumère les composants appropriés, incluant les résidus de cuisine tels que pelures, marc de café, filtres en papier, pain, produits laitiers, croûtes de fromage, épluchures de légumes, fruits et légumes endommagés. Il mentionne également les cendres de bois, sciures, copeaux, papier journal, cartons non contaminés par des substances nocives, et les plantes d’intérieur.

Voici un extrait de l’article de Ouest France :

Attention lorsque vous insérez dans votre composteur les déchets très ligneux ou durs comme les tailles, les branches, les os, les noyaux, les trognons de chou, par exemple, car ils se dégradent plus difficilement. Pensez à les broyer au préalable. Donc en plus du composteur, nous devons investir dans un broyeur.

Attention, l’utilisation des cendres doit être en petite dose, tout comme le crottin de cheval car trop fort.

Attention également aux mauvaises herbes avec leurs graines qui risquent de germer. Utiliser avec grande parcimonie la viande pour votre compost et placez là en petits morceaux au centre du tas. Cela risquerait d’attirer des animaux non désirables près de votre bac à compost. Limitez également les coquillages et les coquilles d’œufs car ils ne se décomposent pas. Cela dit, leur usure apportera malgré tout des éléments minéraux et ils facilitent l’aération.”

L’implication de frais supplémentaires pour le compostage

L’article intitulé “Compost. Lombrics, centres, aération… Comment accélérer la décomposition ? On vous répond” donne à réfléchir sur l’investissement d’équipements additionnels au-delà du composteur. Cela implique l’acquisition d’un broyeur de végétaux pour traiter efficacement les branches, les os et les coquilles d’oeufs, ainsi que d’une déchiqueteuse de papier, utile lorsque les morceaux faits à la main sont excessivement grands.

Matériaux à éviter dans le compostage

Plusieurs sites internet pour le compostage des aliments conseillent de ne pas ajouter de la viande ou du poisson, qu’ils soient cuits ou crus, ainsi que des produits laitiers dans le compost. Ces éléments se décomposent en fermentant et dégagent des odeurs, attirant ainsi les rats et autres animaux nuisibles : ce qui est logique. Étant donné la présence déjà importante de rats dans les zones urbaines, il est préférable de ne pas les attirer davantage.

Si vous consommez des agrumes de manière occasionnelle, ajouter leurs épluchures à votre compost de temps à autre ne pose généralement pas de problème majeur. En grande quantité, les agrumes contiennent des composés chimiques naturels qui peuvent modifier le pH du compost. Ces substances peuvent malencontreusement éliminer les microorganismes et les vers utiles présents dans le compost.

Les accélérateurs de compostage

Pour stimuler le processus de compostage domestique, divers produits naturels peuvent être utilisés. Parmi eux, la salive pour apporter des microbes (humus), l’urine (surnommée “or jaune”, à utiliser avec modération car elle peut se transformer en ammoniac, souvent diluée), le marc de café, les jeunes pousses d’ortie ou le purin d’ortie, le purin de consoude, le biochar, peaux de bananes (potassium), thé etc. De plus, il est possible de trouver sur Internet des recettes pour fabriquer son propre activateur de compost.

Des activateurs de compost commerciaux sont disponibles sous diverses formes, telles que liquides, granulés ou pâtes, et sont souvent composés de substances minérales, bactériennes ou enzymatiques. Toutefois, avant de les acquérir, rappelez-vous que votre compost fonctionne déjà efficacement par lui-même, grâce à votre contribution en le nourrissant, l’aérant et le mélangeant. Le compostage doit demeurer un processus naturel. Soyez donc vigilant vis-à-vis des activateurs de compost contenant du sulfate d’ammoniaque, qui peuvent polluer les nappes phréatiques.

Les vers de terre trouvent un environnement idéal dans votre compost, se régalant notamment de marc de café, ainsi que d’épluchures de fruits et légumes. Cependant, récemment, le ver plat d’Amérique du Sud a fait son apparition en France. Ce ver est cannibale et se nourrit des vers communs. Cette situation soulève une question préoccupante : que ferions-nous si un jour nous venions à manquer de nos vers de jardin habituels ?

Ver plat d'Amérique du Sud en France, photographie de Pierre GROS, source : Sciences et avenir.
Photographie : Pierre GROS, source : Sciences et avenir.

Mélangez et aérez votre composte

Pour optimiser le compostage et accélérer son produit fini, il est conseillé de combiner des types de déchets différents dès le début, soit en les mélangeant directement, soit en les superposant en couches alternées, à la manière d’une lasagne. Associez des déchets riches en carbone tels que les tailles, branches, paille, écorces, feuilles mortes, herbes sèches, papiers et cartons, avec des déchets riches en azote comme les restes de cuisine, les tontes de pelouse et les pousses vertes. Mélangez également des déchets humides, comme ceux de la cuisine, avec des déchets secs tels que les branches, la paille et les papiers. Enfin, associez des déchets de taille importante avec des déchets plus fins.

 

Les micro-organismes bénéfiques au processus de compostage nécessitent de l’oxygène pour fonctionner efficacement. En leur absence, d’autres micro-organismes prennent le relais, produisant des gaz malodorants et du méthane, un gaz à effet de serre puissant. Il est donc important d’incorporer des matières grossières dans votre compost pour assurer une aération constante des déchets. Comme le souligne le Service public, il est recommandé de remuer régulièrement le compost, particulièrement au début du processus, quand l’activité microbienne est la plus intense, puis ensuite tous les un à deux mois.

Pour accélérer davantage le processus de décomposition, certaines personnes suggèrent également de disposer d’abord des branchages au fond de votre composteur, ce qui favorisera une meilleure circulation de l’air.

Un compost mal conçu peut anéantir les micro-organismes essentiels à un compostage efficace, et être colonisé par d’autres micro-organismes qui génèrent du méthane, un gaz à effet de serre très actif. La maîtrise du compostage n’est pas enseignée à l’école, et on peut se demander qui s’intéressera à cette science. En fin de compte, un compostage domestique mal géré peut s’avérer aussi nuisible que les déchets enfouis sous terre.

Le brassage du compost n’est pas une tâche à la portée de tout le monde. Envisagez-vous que les personnes souffrant de problèmes de dos seront en mesure de le faire ? De plus, pour ceux qui ne souffrent pas de douleurs au dos, le compostage pourrait se réduire à une forme de poubelle naturelle acceptée dans l’environnement, qui réduira la quantité de déchets, mais n’aura pas d’impact sur leur coût.

En outre, les composteurs vendus par les communautés de communes et les magasins ne sont généralement pas conçus pour un mélange régulier de l’ensemble des matières. Pour ce faire, il faudrait avoir deux ou trois compartiments avec un côté ouvert ainsi qu’un accès par le dessus.

La possibilité d’utiliser des branches au fond du compost suppose que tous les propriétaires de compost disposent d’un jardin avec des branches, ce qui n’est pas une réalité pour tout le monde.

Composteur idéal où la face avant se retire et le couvercle aussi.

Composteur en bois, source magellan-bio.fr
Source : site le magellan-bio.fr

En conclusion

Le compostage se présente comme une excellente initiative environnementale malgré certaines réserves et observations négatives. Il est important de reconnaître que cette solution n’est pas universellement adaptable et peut ne pas convenir à tout le monde, notamment en raison de contraintes de lieu ou de mode de vie, contrainte de santé ou même de “savoir faire”. Par ailleurs, bien que le compostage réduise efficacement le volume des déchets dans nos poubelles, il est crucial de noter qu’il n’entraîne pas une réduction du coût des déchets imputé au consommateur.

De plus, il est essentiel de prendre en compte que si le compostage n’est pas effectué correctement, les déchets ménagers peuvent toujours produire du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Cela met en évidence le besoin d’éducation et d’information sur les pratiques adéquates de compostage pour éviter les erreurs qui pourraient annuler ses avantages environnementaux. En somme, le compostage est une démarche positive vers la réduction de notre empreinte écologique, mais elle exige une approche réfléchie et responsable pour réaliser pleinement son potentiel.

Une solution d’un compostage 2éco (écologique et économique)

Sauf erreur de ma part, la solution envisageable pour optimiser la gestion des déchets ménagers et leur impact environnemental pourrait résider dans la collecte et la transformation de ces déchets en méthane, qui serait ensuite injecté directement dans le réseau de GRDF. Cette approche tirerait parti du processus de méthanisation, un processus biologique qui convertit la matière organique en biogaz, principalement composé de méthane. Les résidus de ce processus, connus sous le nom de digestats, pourraient également être revalorisés, par exemple en tant qu’amendements agricoles riches en nutriments.

L’aspect le plus innovant et attractif de cette solution réside dans sa dimension économique. La vente du gaz produit contribuerait à financer le système, créant ainsi un modèle d’affaires viable et durable. En retour, cela devrait permettre de réduire les coûts pour les consommateurs, en diminuant leur facture énergétique grâce à l’utilisation de ce gaz vert. Cette approche représenterait non seulement un avantage économique direct pour les consommateurs, mais participerait également à l’émergence d’un système circulaire, où les déchets ne sont plus un fardeau, mais une ressource précieuse.

En intégrant la méthanisation dans le cycle de gestion des déchets, on favoriserait ainsi la création d’un système plus durable et respectueux de l’environnement, tout en offrant une solution économiquement avantageuse pour les consommateurs.

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